Loff interview
Pour mieux comprendre les concepts de cette nouvelle émission parfois
un peu confuse, nous sommes allés interroger le directeur de la programmation
de la chaîne W9, monsieur Patrick Lonton.
Nous :
Bonjour monsieur !
PL :
Bonjour !
Nous :
Ca va ?
PL :
Bien, mais écoutez, je n'ai pas que ça à faire, alors
allez à l'essentiel, je vous prie !
Nous :
Oh oui, bien sûr. Pourriez vous nous résumer en quelques mots
le concept de Loff Story qui ne nous paraît pas très clair ?
PL :
Bien sûr. Le concept est très simple. Il consiste à placer
dix personnes (5 hommes et 5 femmes) ensemble pendant une durée de deux
mois dans un logement de 150 mètres carrés. Ces personnes volontaires
sont placées dans le noir et n'ont pas le droit de parler.
Ensuite, le public élimine chaque semaine une personne de façon
à ce qu'il ne reste au bout du temps réglementaire qu'un couple
qui sera déclaré vainqueur et qui gagnera une maison.
Nous :
Donc, vous voulez dire que ces personnes sont filmées 24h/24 dans la
pièce dans laquelle ils se trouvent. Mais comment font-ils pour aller
aux toilettes ?
PL :
Oui, nous avons placé exactement 123 caméras dans la pièce.
C'est la raison pour laquelle, quand une personne est aux toilettes, nous pouvons
filmer autre chose. Astucieux, non ?
Nous :
Mais je ne comprend pas. A quoi servent ces caméras puisqu'il fait noir
?
PL :
Si vous me posez cette question, c'est que vous n'avez pas assez regardé
l'émission. En effet, vous verrez qu'à force de regarder, on arrive
petit à petit à entendre des bruits qui nous permettent de deviner
les jeunes. Avec l'habitude, on arrive également à reconnaître
leur façon de marcher ...
De plus, il arrive des moments où l'obscurité de la pièce
diminue (lorsque quelqu'un y rentre ou en sort) et on peut alors voir clairement
les personnes. Ce sont des moments vraiment riches en émotion que les
téléspectateurs apprécient particulièrement.
En fait, la raison pour laquelle nous avons souhaité que l'émission
se déroule dans l'obscurité provient du fait que l'obscurité
lève les inhibitions. Nous assistons par conséquent à des
scènes qui sont beaucoup plus naturelles. Les téléspectateurs
peuvent alors rééllement s'identifier aux Loffers (les jeunes
qui se trouvent dans le Loff).
Nous :
Mais si vous les empêcher en plus de parler, ne craignez-vous pas que
les téléspectateurs risquent de s'ennuyer ?
PL :
Ecoutez, je ne pense pas que 4 millions de personnes qui s'ennuient continueraient
à regarder l'émission.
Au contraire, comme le biologiste Jean Rostand l'a si bien dit, "tout
homme est mon frère tant qu'il n'a pas parlé". La parole
est en effet un vecteur de prise de distance des individus. Par conséquent,
en les empêchant de parler, nous les replaçons dans un environnement
assez proche de l'environnement originel. Ils se trouvent alors confrontés
à la difficulté de communiquer sans la parole. Mais croyez moi,
ils se débrouillent très bien ...
Nous :
Mais cependant, les personnes que vous appelez les Loffeurs ne sont pas des
acteurs. Ne pensez vous pas qu'il y ait là une part de voyeurisme de
la part des téléspectateurs ?
PL :
Ecoutez, si vous appelez voyeurisme le fait de regarder des individus volontaires
qui participent à un jeu télévisé, ça vous
regarde ...
En ce qui me concerne, je n'ai rien à reprocher à cette émission
du point de vue éthique. C'est une émission très saine
dans laquelle nous pouvons nous identifier à des individus confrontés
à des situations de la vie quotidienne. Celles-ci n'en sont pas pour
autant faciles à supporter ou dépourvues d'intérêt.
Au contraire, je crois que cette émission dispense les téléspectateurs
d'un certain enseignement qui est tout simplement l'enseignement de la vie.
L'amour comme la haine y sont présents, mais comme dans toute émission
qui se respecte, la fin sera donnée sur un ton d'optimisme.
Bon, je m'excuse, mais je dois vous laisser. C'est l'heure du résumé
du Loff de la journée avec le grand Benjamin Kestadi.
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